Faro ou porto : quelle ville du Portugal choisir pour votre prochain voyage ?

Faro ou porto : quelle ville du Portugal choisir pour votre prochain voyage ?

Le Portugal, cette terre aux odeurs de sardines grillées, de vent marin et de fado, attire de plus en plus de voyageurs en quête d’authenticité, de soleil et de découvertes culturelles. Si Lisbonne reste une incontournable, elle cède parfois sa place à deux autres joyaux portugais : Faro et Porto. Moins comparables qu’on pourrait le croire, ces deux villes offrent une expérience très différente, tant par leur atmosphère que par leur cadre naturel, leur passé et leur façon de vivre le présent. Alors, entre la douceur méditerranéenne de Faro et le tempérament océanique de Porto, laquelle choisir pour votre prochain voyage ?

Faro : portes entrouvertes sur l’Algarve

Située tout au sud du pays, Faro est souvent réduite à son aéroport, point d’entrée pour explorer l’Algarve. Et pourtant, elle mérite bien plus qu’un simple passage. Capitale administrative de la région, la ville revendique une identité tranquille, à l’écart du tumulte estival qui agite ses voisines balnéaires.

En flânant dans la vieille ville (Cidade Velha), protégée par des remparts mauresques, on découvre une ambiance presque méditative. Les ruelles pavées, les maisons blanchies à la chaux, les azulejos discrets et les cafés ombragés racontent une Faro intemporelle. La cathédrale gothique de Sé, le musée municipal installé dans un ancien couvent, ou encore le fameux Arco da Vila, témoignent tous d’un passé complexe, fait de conquêtes arabes et de reconquêtes chrétiennes.

Une des particularités de Faro reste son lien étroit avec la nature. À quelques minutes à pied du centre, s’étend le parc naturel de la Ria Formosa, un écrin de biodiversité parmi les plus précieux d’Europe. Cet ensemble de lagunes, marais et îles-barrières est un paradis pour les oiseaux migrateurs et les amateurs de balade en barque ou en kayak. Il suffit d’une demi-journée sur l’île de Culatra, où vivent encore quelques familles de pêcheurs, pour comprendre l’attachement des locaux à leur lagune nourricière.

Porto : la ville aux mille reflets

À l’opposé du pays, Porto déploie son charme rugueux le long du Douro. Plus vaste, plus dynamique et plus verticale que Faro, Porto est une ville de contrastes, où les façades délabrées côtoient les nouveaux centres culturels, et où le poids de l’histoire se fond dans une énergie vibrante.

Ici, le patrimoine n’a pas été lissé. Il suffit de gravir les escaliers sinueux du quartier de Ribeira pour sentir le souffle du temps, entre linge aux balcons, jeunes fêtards et mamies qui épluchent leurs pommes de terre en discutant sur le pas de leur porte. Le pont Dom-Luís I, œuvre monumentale de disciple d’Eiffel, relie la ville à Vila Nova de Gaia, l’autre rive, célèbre pour ses caves à vin de Porto. Une visite – voire une dégustation – dans l’une de ces maisons historiques (Graham’s, Sandeman, Taylor’s…) s’impose pour saisir pourquoi ce vin muté est devenu un trésor portugais.

Mais Porto n’est pas uniquement figée dans ses traditions. Des lieux comme le centre culturel de la Fondation Serralves, le marché de Bom Sucesso ou les boutiques indépendantes du quartier de Cedofeita témoignent d’une créativité bouillonnante. Les amateurs de littérature ne manqueront pas de passer à la librairie Lello, souvent citée comme l’une des plus belles du monde (mais prenez votre billet à l’avance : le succès touristique y est réel).

Ambiance et rythme de vie : entre langueur méridionale et frénésie urbaine

Les ambiances de Faro et Porto ne pourraient être plus opposées. Faro vit au rythme lent du sud, bercée par des après-midis ensoleillés et des soirées douces passées en terrasse, souvent accompagnées de fruits de mer frais et de vinho verde. Ici, on prend son temps, à l’image des longues pauses-café des habitants qui échangent en toute simplicité autour de la beauté du quotidien.

Porto, elle, étale une vitalité urbaine que l’on sent jusque dans ses marchés pleins à craquer, ses tramways grinçants et ses ruelles toujours animées. Le soir, les bars à vin de la vieille ville, les salles de concert ou encore les nouveaux espaces culturels comme Maus Hábitos offrent une vie nocturne bien présente, mais souvent plus bohème qu’ostentatoire.

Gastronomie : l’océan dans l’assiette, mais pas que

Au pays du cabillaud salé et des pâtisseries feuilletées, chaque région décline ses spécificités. Faro, comme toute l’Algarve, fait la part belle aux produits de la mer. Ne passez pas à côté de l’Arroz de Marisco (un riz aux fruits de mer riche et savoureux), ou d’un Cataplana, mijoté traditionnel à base de poisson et crustacés, cuit dans une marmite en cuivre typique. Au marché municipal de Faro, j’ai croisé un vieux couple de pêcheurs vendant leur pêche du jour — des dorades, des palourdes, du poulpe — en discutant sans fausse hâte avec les passants. C’est aussi cela, la gastronomie à visage humain.

À Porto, le terroir s’affirme davantage dans l’assiette. La Francesinha, sorte de croque-monsieur XXL nappé de sauce à la bière et au piment, en est une parfaite illustration : c’est une cuisine généreuse, roborative, conviviale. Les tripes à la mode de Porto, plat historique hérité du XVe siècle, ont d’ailleurs donné leur surnom aux habitants : les Tripeiros. Mais on trouve également dans la ville une scène culinaire contemporaine, tournée vers les circuits courts et les interprétations créatives des recettes traditionnelles.

Hébergement et accessibilité : budget et logistique

En matière d’hébergement, Faro présente un avantage certain pour les voyageurs en quête de calme et de nature. En dehors de la haute saison estivale, les prix restent très abordables, avec une belle offre de maisons d’hôtes et d’auberges douillettes. La présence de l’aéroport international en fait une destination accessible en vol direct depuis plusieurs villes françaises, notamment hors saison. Pour explorer la région, une voiture reste cependant quasiment indispensable, faute de liaisons fréquentes dans l’arrière-pays.

Porto, mieux desservie en transports en commun, séduit les voyageurs sans voiture et les amateurs de city-break. Le métro relie directement l’aéroport au centre-ville, et il est facile de rayonner à pied, en tram ou en bus. L’offre hôtelière est dense et va du simple dortoir de routard aux hôtels boutique pleins de charme. Toutefois, l’essor touristique a entraîné une augmentation sensible des prix ces dernières années, notamment autour du quai de la Ribeira.

Quelle ville pour quel type de voyageur ?

Si la question peut sembler simpliste, elle résume souvent le dilemme des voyageurs partageant une envie de Portugal sans l’avoir encore situé sur la carte. Voici quelques repères pour vous aider à trancher :

  • Vous cherchez la mer, le silence, des paysages protégés et un mode de vie paisible : Faro s’impose comme évidence. Ses liens avec la nature et sa manière nonchalante d’habiter le temps séduisent ceux en quête de déconnexion douce.
  • Vous aimez les villes pleines de vie, de dénivelés, d’histoire en couches palimpsestes et de bonne chère généreuse : alors Porto saura vous combler. C’est une ville de caractère, en perpétuelle invention d’elle-même, nourrie de mémoire et de brassages.
  • Vous voyagez en famille avec de jeunes enfants : Faro est plus adaptée, avec ses plages peu profondes, sa tranquillité, et ses distances réduites.
  • Vous êtes amateur d’architecture, d’œnologie ou de littérature : Porto est un terrain d’exploration fécond, où l’on passe volontiers du baroque à l’Art déco en quelques pas.

Faro ou Porto, plutôt qu’un duel, offrent deux visions très complémentaires du Portugal. L’une parle en murmures salés, l’autre chante à gorge déployée. Et si le dilemme devenait une invitation à ne pas choisir, mais à revenir ?