Icaraizinho kite surf Brésil : le spot préservé pour les passionnés de glisse

Icaraizinho kite surf Brésil : le spot préservé pour les passionnés de glisse

Un coin de paradis discret sur la côte cearense

À première vue, Icaraí de Amontada, ou simplement « Icaraizinho » pour les initiés, pourrait facilement échapper à l’œil du voyageur pressé. Situé à environ deux heures et demie de route au nord-ouest de Fortaleza, au Brésil, ce village de pêcheurs niché entre dunes de sable blanc et cocotiers semble appartenir à un temps suspendu. Pourtant, derrière son apparente tranquillité se cache un secret bien gardé : un spot de kitesurf d’exception, prisé des connaisseurs et parfaitement préservé.

Il ne s’agit pas ici d’un lieu tapageur envahi de resorts imposants et de beach clubs bondés. Icaraizinho séduit par sa simplicité : des pousadas familiales, des bars en bois ouverts sur la mer, des pêcheurs qui rentrent de la mer à l’aube, filet sur l’épaule. Et surtout, ce vent. Constant, régulier, fidèle de juillet à janvier. Un terrain de jeu idéal pour les amateurs de glisse qui recherchent plus qu’un spot : une ambiance, une qualité de vie, presque un état d’esprit.

Un vent presque mythique

Ce qui attire d’abord les riders à Icaraizinho, c’est évidemment l’excellence des conditions météorologiques. Situé sur la côte ouest de l’État du Ceará, Icaraizinho bénéficie des alizés du sud-est générés par l’anticyclone de l’Atlantique Sud. Résultat : un vent side-onshore stable qui souffle quasiment tous les jours entre 18 et 25 nœuds pendant la saison sèche, de juillet à janvier. Pour les amateurs de kitesurf, c’est une promesse quasi quotidienne de sessions réussies.

Le plan d’eau, quant à lui, s’adapte à tous les niveaux :

  • Au centre de la baie : eau légèrement clapoteuse, parfaite pour les kitesurfers intermédiaires.
  • Au nord, près du phare : petites vagues pour s’essayer au kitesurf wave.
  • Et, pour les débutants, la lagune de Patos, à une dizaine de minutes, offre un plan d’eau ultra flat et peu profond.

C’est précisément cette diversité qui fait la force d’Icaraizinho. On peut y apprendre, progresser et se perfectionner, le tout dans un environnement naturel spectaculaire, loin des foules de Cumbuco ou Jericoacoara.

Une rencontre avec la communauté locale

Là où Icaraizinho se distingue vraiment, c’est dans la manière dont les habitants se sont approprié la montée progressive du tourisme sans pour autant perdre leurs repères culturels. Ici, la pêche reste une activité de subsistance. Les filets sont tendus chaque matin sur les plages, les embarcations traditionnelles (les jangadas) colorent le rivage en fin d’après-midi. Le tourisme, notamment lié au kitesurf, apporte un complément de revenu – bienvenu, mais non envahissant.

Certains jeunes du village se forment désormais comme instructeurs de kite via des programmes mis en place par des écoles locales souvent tenues par des expatriés brésiliens revenant « au pays ». Rafael, ancien pêcheur reconverti en professeur de kite, m’a raconté entre deux sessions comment cette discipline avait transformé son quotidien : « Je ne suis jamais allé à l’école longtemps, mais aujourd’hui j’enseigne à des étrangers, j’apprends des langues, et je montre mon pays autrement. »

Ces récits incarnent la résilience et l’inventivité d’une communauté qui s’ouvre doucement, avec prudence et fierté, à une nouvelle forme d’économie durable.

Quand partir, comment y aller ?

La meilleure période pour profiter du vent reste de juillet à janvier. Les mois de septembre à décembre offrent les conditions les plus régulières, avec des alizés soutenus et peu de précipitations. C’est aussi à ce moment que la baie prend toute sa majesté : ciel limpide, soleil généreux, couchers de soleil spectaculaires sur la mer.

Le voyage jusqu’à Icaraizinho demande un peu d’organisation, mais c’est aussi ce qui contribue à sa préservation. Depuis Fortaleza, il faut compter environ 6 heures de route, en grande partie sur un axe secondaire. Plusieurs agences locales proposent des transferts en véhicule privé ou en 4×4, notamment si vous transportez votre matériel. Certains kite-camps organisent également des downwinds depuis Jericoacoara ou Preá avec escale à Icaraizinho, façon poétique de rejoindre le spot avec l’appui du vent.

Où dormir, où manger ?

L’hébergement à Icaraizinho reflète bien l’âme du lieu : petit, chaleureux, souriant. On trouve de nombreuses « pousadas » (chambres d’hôtes locales), souvent tenues par des familles brésiliennes ou d’anciens voyageurs tombés amoureux du coin. Les plus appréciées ? Pousada Casa Zulu, avec son rooftop face à l’océan, ou encore Hibiscus, pour ses bungalows ventilés à l’ombre des cocotiers.

Côté cuisine, on est dans le registre simple et savoureux. Le poisson du jour est roi – généralement pêché quelques heures plus tôt – servi grillé avec une sauce à la mangue ou accompagné de purée de macaxeira (manioc). Le restaurant Alecrim, tenu par Nadia, une franco-brésilienne passionnée de gastronomie végétale, propose une carte innovante valorisant les produits locaux comme la tapioca, les noix de cajou ou le cajuína (jus de cajou fermenté). Un arrêt nécessaire pour les curieux de saveurs nouvelles.

Le kite éthique : respect de la nature et des cultures

Le développement du kitesurf à Icaraizinho a soulevé, comme dans toute zone touristique émergente, des questions sur l’impact environnemental. La plage, par exemple, est aujourd’hui protégée par des règles locales interdisant les constructions trop proches du rivage. Les écoles de kite les plus respectueuses limitent le nombre d’élèves par instructeur et assurent une sensibilisation basique au respect de la faune marine (notamment les tortues, qui viennent encore pondre sur certaines portions de plage la nuit).

De plus, la plupart des établissements s’engagent sur le plan écologique : tri des déchets, récupération de l’eau de pluie, énergies renouvelables, menus saisonniers. Des pratiquants passionnés, comme Sarah, une Allemande installée ici depuis trois ans, n’hésitent pas à organiser des beach clean-ups participatifs le dimanche matin, avant la session. « Cela fait partie du deal, dit-elle avec le sourire. Le vent nous donne beaucoup. La moindre des choses, c’est d’en prendre soin. »

Bien plus que du sport

Icaraizinho n’est pas qu’un spot de kitesurf ; c’est une invitation à ralentir. Entre deux sessions, on se laisse surprendre par la richesse de la culture locale : une roda de capoeira improvisée sur la place du village, un cours de cuisine auprès de Dona Terezinha, ou une randonnée au coucher du soleil vers les miradouros naturels au-dessus des dunes.

Les soirs sont doux, baignés de musique forró ou reggae afhankelijk de l’humeur du jour. Il n’y a pas de grande scène ni de foule, mais des rencontres, des récits, des verres levés en fin de journée pour saluer le vent et la mer.

Pour le voyageur en quête d’authenticité, d’espace, et d’eau salée, Icaraizinho offre bien plus qu’un spot : il propose un art de vivre précieux, préservé. Et comme toute beauté discrète, il se murmure, se savoure, et se partage — avec respect.